DES MORTS QUI DÉROGENT

Ce livre explore le versant sombre du culte des morts mis en place au xixe siècle. Il se penche sur le destin des corps que la société ne veut ou ne peut honorer à travers les rites funèbres ordinaires, sur ces défunts maltraités, intentionnellement ou pas, et qui n'ont pas encore donné lieu à un panorama d'ensemble. La gamme de ces morts qui dérogent à la norme funéraire est vaste : le livre en présente un panel varié et représentatif à travers douze cas de figure, chaque casprécis illustrant et documentant une catégorie plus vaste. Il y a ceuxdont le statut marginal ou désocialisé se prolonge dans la mort : le criminel guillotiné, l'enfant mort-né, l'anonyme échoué à la Morgue, l'icône politique flamboyante incarnée par E. Perón. Il y a ceux qui ont pâti de circonstances exceptionnelles, ceux que la mort de masse et le chaos social et politique ont privés d'un traitement normal : lesoldat mort à la guerre, la victime du choléra, de la catastrophe ferroviaire, le disparu du génocide. Le livre s'attache enfin à des pratiques elles-mêmes dérogatoires : l'exhumation, la crémation, la nécrophilie. Il contribue ainsi au renouvellement de l'histoire de la mort par un recentrage sur ce qui reste : le corps, et ses vicissitudes.