LE DEVOIR DE RÉSISTER

Pour résister efficacement contre l'injustice et l'oppression, il fautparfois recourir à la désobéissance civile - voire incivile. Telle estla compréhension de certains mouvements militants, pour qui l'indignation et la colère doivent se matérialiser de manière saisissante pour sensibiliser l'opinion publique. C'est ainsi que les Freedom Riders ont dénoncé la ségrégation aux Etats-Unis, que #BlackLivesMatter a révélé les violences policières ou #MeToo l'ampleur des phénomènes de harcèlement et de féminicides. Pour dénoncer la passivité des gouvernements face à la crise écologique, legroupe Extinction Rebellion organise des grèves scolaires, des occupations de centres urbains, des blocages économiques, des interruptions du trafic routier ou des sabotages de trottinettes électriques en libre-service; ou, en France, le groupe ANV-COP 21 est célèbre pour ses décrochages de portraits d'Emmanuel Macron dans les mairies. De tels leviers d'action sont non-violents, mais leur civilité ne va pas sans dire: d'un côté, les militants agissent publiquement et se soumettent aux forces de l'ordre, mais, de l'autre,leurs actions (occupations, blocages, sabotages et grèves) sont perçues comme une forme de prise d'otages. Alors, qu'est-il légitime de faire pour défendre une cause juste dans un Etat de droit qui en ignore les enjeux? L'incivilité interpelle, accuse, rend l'indifférence impossible et force à prendre parti. Ce livre prend le parti d'en faire l'apologie.