LES CHAMBRES CLOSES

HISTOIRE D'UNE PROSTITUÉE JUIVE D'ALGÉRIE
Auteur(s) AZIZ GERMAINE, TARAUD CHRISTELLE

«Esther et Germaine Aziz, madame la directrice vous demande dans son bureau. »On va voir maman ! Nous abandonnons nos gamelles pour courir, main dans la main, dans les couloirs de l'Assistance publique, encore plus longs que d'habitude. «Tu crois que le petit frère est né ?
ISBN13 9782847362497
16,95 $

Description

«Esther et Germaine Aziz, madame la directrice vous demande dans son bureau.»On va voir maman ! Nous abandonnons nos gamelles pour courir, main dans la main, dans les couloirs de l'Assistance publique, encore plus longs que d'habitude.«Tu crois que le petit frère est né ?- Je ne sais pas... sûrement. Enfin, j'espère !» Moi aussi je l'espère, je m'ennuie trop de maman.La directrice me fait un peu peur, pourtant c'est d'une voix très douce qu'elle demande à ma soeur, mon aînée de quatre ans :«Quand avez-vous vu votre maman pour la dernière fois ?»Je m'en souvenais très bien, elle n'était venue qu'une fois, une seule depuis que nous étions ici, et nous avait apporté des bananes. Elle nous avait dit qu'elle nous aimait mais qu'elle était trop malade pour quitter plus souvent son lit.Ma soeur parle de cette histoire de bananes en éclatant en sanglots. Je me demande pourquoi la directrice nous pose cette question, mais en voyant Esther pleurer, je comprends qu'il nous est arrivé un malheur :«Qu'est-ce qu'il y a ? Qu'est-ce que tu as ?- Maman est morte», hurle-t-elle.Je ne comprends pas. Je me tourne vers la femme impo sante derrière son bureau. Elle reste silencieuse. Comment ça, morte ? Je ne suis pas sûre de savoir ce que cela signifie pour les grandes personnes, ça doit être triste. Je demande :«Est-ce que ça veut dire qu'on ne la verra plus ?- Oui, ça veut dire ça ! Plus jamais...»Je ne me rappelle pas grand-chose. Cela fait trop mal. Je pleure jour et nuit, noyée. J'ai perdu tout ce que je possédais au monde.Beaucoup plus tard, je ne verserai plus sur le souvenir de ma mère des larmes d'enfant mais des larmes de femme qui pleure sur une autre femme morte trop jeune. De quels espoirs, quelles illusions, quels bonheurs la mort l'avait-elle frustrée ?...Entre mes parents, originaires d'Algérie, ce fut d'abord le grand amour et, quand ma soeur vint au monde, mon père, Jacob, épousa Julie, ma mère. Le fils d'un rabbin connu et vénéré à Oran se mésalliait avec une petite c

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