MARK TWAIN: TOURISME ET VANITÉ

Cet ouvrage s'intéresse aux quatre livres de voyage de Mark Twain relatant les aventures d'un double de l'auteur: Le Voyage des innocents (1869), À la dure (1872), Ascensions en télescope (1880) et Le Tour du monde d'un humoriste (1897). Au début de l'ère du tourisme de masse, ses aventures souvent burlesques se déroulent partout sur laplanète, devenue le terrain de jeux des touristes-consommateurs. Twainse présente comme un béotien, mais se pique de science et d'art. Ses récits le dévoilent dans ses œuvres, qui transforment le monde en une production esthétique reflétant ses obsessions personnelles. Les lieux funéraires, omniprésents, suscitent un travail introspectif où pointe l'angoisse de la mort. Dans le monde ainsi transmué affleurent çà et là des fragments de l'univers psychique de l'auteur en tant qu'artiste, engagé dans une démarche comparable à celle des peintres de Vanités du dix-septième siècle, que «Twain» perpétue sur le mode littéraire. Tourisme et Vanité convoque la littérature de voyage, l'orientalisme et l'anthropologie. La question de la réception sous-tend celle de l'écriture de soi et la question esthétique, centrale, englobe et déborde le rapport entre texte et image. Le livre est divisé en quatre parties: l'analyse du rapport entre tourisme et dilettantisme conduit à examiner la notion de supercherie en tant qu'appréhension du réel, qui se prolonge dans la question de la vanité du discours critique et de l'entreprise artistique. En déterminant comment la personne aborde sa confrontation au sublime, l'ouvrage établit finalement que l'œuvreet la composante critique dont elle constitue le vecteurpropose une véritable esthétique de l'ineffable.