OBÉIR À DIEU EN DÉMOCRATIE

Si les Français se disent majoritairement attachés à la laïcité, leursopinions divergent fortement sur sens à accorder à ce terme. C'est pourquoi notre société est aujourd'hui travaillée par un débat opposant les partisans d'une " laïcité ouverte " aux défenseurs d'une " laïcité républicaine ". Le problème est que la reconnaissance des identités religieuses n'est jamais neutre : toute politique d'accommodement induit une certaine effectivité de la loi divine (effectivité qui se réalise parfois contre les lois de la République) ; elle porte donc une charge politique forte, remettant en cause l'équilibre entre les autorités respectives de la loi de la Cité et dela loi de Dieu. Pour autant, la laïcité de combat, celle issue des Lumières, n'est plus adaptée à notre expérience existentielle et politique. Comment donc nos régimes démocratiques doivent-ils organiser la concurrence de plusieurs lois, divines et humaines ? Le présent essai tente de répondre à cette question cruciale en envisageant autrement le problème, notamment en étudiant les façons dont les penseurs catholiques ont réagi face à l'émergence de l'État laïc au siècle dernier.