UNE HISTOIRE MONDIALE DE LA CONSTRUCTION EUROPÉENNE

Cet ouvrage remet en perspective l'histoire de l'Europe en mettant en avant la dimension géopolitique et les rapports de force économiques, aussi bien entre États qu'à l'intérieur des États, qui ont façonné l'édifice européen depuis l'après-guerre. En 1945, les États-Unis sont la première puissance du monde. Sur le vieux continent, une fraction < fordiste > des élites politiques et économiques, liée à Washington, affronte une puissante fraction communiste et une fraction coloniale sur le déclin. L'échec du projet de Communauté européenne de défense (CED) puis la mise en place progressive du Marché commun après la ratification du Traité de Rome en 1957 témoignent de l'évolution de ce rapport de forces. Du milieu des années 1960 à la fin de la guerre froide se met peu à peu en place un < projet social-démocrate > visant à revaloriser le travail face au capital. Il sera contesté à partir de la fin des années 1970 par le < projet néolibéral >, préconisant une libre circulation des facteurs de production et des capitaux. Cette dernière fraction s'impose dans l'administration américaine ; son influence va donner lieu à une forme européenne hybride, l'ordo-libéralisme.Après la chute du bloc communiste, la tendance néolibérale, dominante au sein de la Commission européenne et des institutions financières internationales, se heurte à des oppositions regroupant les patronats perdants européens et des pays émergents et des mouvements sociaux nationaux et transnationaux. Dans leur dynamique de fédéralisation croissante, les structures européennes devront désormais faire face à des oppositions de type < altermondialiste >, et, sur la scène internationale, à la montée en puissance des pays d'Asie, au premier rang desquels la Chine.Marlène Rosano-Grange est docteure en sciences politiques, diplomée de l'Institut d'études politiques de Bordeaux et de Sciences Po Paris. Elle poursuit ses recherches en histoire des relations internationales à l'université d'Oxford.